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Mon expérience inoubliable en Amazonie avec la communauté Kichwa.

Déjà à l’âge de 8 ans mon père me surnommait "Mimi siku" (en référence au film d'"Un indien dans la ville") car je passais mon temps à monter aux arbres, nager dans la rivière, m’occuper des animaux, fabriquer un arc avec un bout de bois… Autrement dit, partir découvrir la forêt amazonienne était pour moi comme un rêve que je me devais de réaliser. Alors quand je me suis décidée à partir en Equateur, un passage par l’Amazonie était évident. Pour autant, je ne m’attendais pas à ce que l’expérience m’apporte autant.

Je voulais vivre une aventure amazonienne qui s’accorde avec ma vision du voyage, en privilégiant au maximum le tourisme solidaire et responsable. Après plusieurs recherches et notamment grâce au blog de Voyages à deux sacs, j’ai découvert les Cabanes Nanambiiki. Loin des Lodges touristiques et hors de mon budget, les cabanes proposent des séjours sur 3 à 5 nuits et même du volontariat. Afin d'en profiter un maximum, je suis restée 4 nuits/5 jours pour un coût de 140$ avec hébergement, repas, activités tout compris.

Après 1h de bus de Tena, et 15min en pirogue plus tard, me voilà arrivée sur les terres de la communauté Kichwa "Campo Cocha" là où se trouve les cabanes Nanambiiki. S'étalant sur une quarantaine d'hectares, la communauté se compose de près de 400 habitants qui vivent encore en respectant leur culture traditionnelle Kichwa. C’est Cezar, l’hôte des cabanes, qui m’accueille le dimanche en fin de journée. Cesar a commencé les cabanes en 2003 avec l’aide de sa famille et de la communauté. Aujourd’hui il gère une quinzaine de chambres qui ont l'eau et l'électricité, l'eau étant récupérée de la pluie il ne faut donc pas s'attendre à avoir l’eau chaude. Cezar lutte depuis de nombreuses années pour sa communauté et les droits des Kichwas et travaille sur de nombreux autres projets à côtés des cabanes et notamment sur l'équité hommes/femmes au sein de la communauté.

Après un tour des lieux et un très bon diner préparé par Marie, qui nous aura régalé de ses plats délicieux tout au long du séjour, Cezar m’emmène faire un tour de la communauté et voir un match de football joué par les filles du village. Puis une bonne nuit s'impose!

1er jour :

Après une nuit sous la moustiquaire, bercée par les nombreux sons de la forêt, je prends un copieux petit-déjeuner pour être en forme pour la journée qui s'annonce sportive : pancakes, confitures maison, omelette et jus d’orange frais. Je fais la connaissance de Galo, mon guide et Vinicio, mon coup de coeur! Vinicio a 10 ans et participe aux activités afin plus tard de peut être devenir guide à son tour.

Départ pour 7h de rando dans la jungle amazonienne, appelée "selva". Galo m’apprend quelles sont les plantes médicinales et quelles sont les plantes toxiques. Je suis impressionnée par la diversité de la végétation qui leur permet de trouver absolument tout ce dont ils ont besoin, que ce soit pour manger, boire, se soigner, s'éclairer la nuit, se fournir en matériel de construction, ou encore concocter des filtres d’amour (appelé « sigme-sigme)! Nous passons par la rivière pour atteindre le campement, conçu pour les nuits dans la forêt. Nous y prenons notre déjeuner composé d'une salade de riz enveloppée dans une feuille de bananier en guise d’assiette (zéro déchet !). Petite sieste et départ pour une vue fantastique sur le Mirador et la forêt amazonienne qui s’étend à perte de vue.

Sur le chemin du retour, nous passons par des champs de café et de cacao, je me régale de ce fruit dont les graines serviront plus tard a la création du chocolat (pour autant la chair du fruit n’en a pas le gout).

Retour aux cabanes, Vinicio et moi allons nous baigner dans la rivière pour nous rafraichir. A cette période c’est l’hiver ici, le temps est donc plus sec que d’habitude mis à part quelques averses. Le soleil est splendide et les moustiques pas vraiment au rendez-vous, j’aurais donc la chance de ne pas avoir à me gratter pendant des semaines!

En fin d’après midi, je confectionne ma premiere tablette de chocolat. Les graines séchées sont grillées au feu de bois, puis décortiquées et moulues de plus en plus finement afin d’obtenir une pâte épaisse. On peut y rajouter un peu de sucre à sa guise. La pâte est ensuite compactée dans une feuille de palmier et mis au frais pour que la matière grasse naturelle du cacao solidifie la pâte. Et…C’est tout!

Vinicio dans la selva

comme Tarzan

repas dans la forêt

cabanes Nanambiiki

Mirador Amazonie

2ème jour :

Petit déjeuner encore une fois délicieux et je fais la connaissance de Raúl, le neveu de Cezar qui a terminé ses études en tourisme à Quito pour revenir travailler au sein de la communauté et aider Cezar avec les activités proposées aux cabanes. Nous partons tous les trois (Raúl, Vinicio et moi) en pirogue pour rejoindre l’école et le stade. L'école se compose de 3 classes selon les tranches d’âges des enfants et un bâtiment à étage qui est le collège. L’espagnol et l’anglais y sont enseignés ainsi que le Kichwa et l’école est gratuite pour les enfants de la communauté. Les cours sont en général le matin et l'après-midi peut être consacrée au sport. D'ailleurs ici ce sont les filles qui sont les plus fortes au football! Il y a également une serre où sont entreposés des pousses d'arbres qui servent à la reforestation quand un arbre est enlevé pour la construction d'habitation, ou la culture agricole (bananes, cacao, yuca principalement).

Balade dans la forêt pour aller voir un arbre immense entouré de mythes et légendes Kichwas.

J’apprends également à faire de la sarbacane! Pas évident car elle mesure plus d’un mètre et le bambou utilisé et un peu lourd mais après plusieurs essais j’arrive presque à toucher le milieu de la cible!

Après le déjeuner (soupe de yuca, riz, bananes plantains, Haricots rouges, salade de choux) un groupe de volontaires français arrivent aux cabanes. Ils sont ici pour aider à la construction d'un bâtiment supplémentaire et aider au travail agricole.

Avec Raúl et Vinicio, nous allons planter des pousses de bambous, puis allons nous baigner dans la rivière. Je fais la connaissance de la sœur de Vinicio qui me montre comment préparer le Chicha, une boisson alcoolisée traditionnelle. Le Chicha est uniquement préparé par les femmes car essentiellement composé de Yuca, tubercule qui ne peut être cultivé que par les femmes. Et la culture du yuca est éprouvante et demande une condition physique importante car il faut se baisser pour enlever de la terre les plants qui pèsent leur poids. Après avoir été nettoyé et cuit dans l’eau, le yuca est broyé pour en faire une pâte compacte qu'on laisse fermenter 2 à 3 jours pour créer la boisson alcoolisé « chicha ». Dans certaines préparations, le yuca est mastiqué et recraché car cela faciliterait et accélèrerait le processus de fermentation.

classe Campo cocha

école campo cocha

pirogue et bananes

pirogue sur le Napo

balade en canoa
selva

selva et rivière

amazonie

3ème jour :

C'est la journée en pirogue! Premier arrêt à Ahuano, dans un atelier de céramique où on nous explique le processus de fabrication. Et encore une fois, ce sont les femmes exclusivement qui peuvent toucher l’argile. Une légende Kichwa raconte en effet, que si un homme touche l’argile, il perd sa virilité! L'argile est trouvée dans la rivière, la peinture provient des couleurs naturelles des plantes et minéraux et les fils des pinceaux proviennent de cheveux d’enfants (car très fins!). Je suis de nouveau impressionnée par leur savoir-faire.

Ensuite, direction Amazoonico. Uniquement accessible en pirogue, c’est un refuge pour les animaux provenant du trafic animalier ou qui ont été abandonnés ou maltraités. Les visites sont faîtes par des bénévoles venant du monde entier donner un coup de main pour un ou plusieurs mois. On peut y voir des singes, des perroquets, des tapirs, des félins (comme le Tigrillo), des serpents,… La visite dure 1 heure pour 4$ et c’est un endroit privilégié pour y découvrir la faune amazonienne tout en participant au développement du tourisme solidaire. Je conseille donc vivement cet endroit si vous passez par là!

Pour le déjeuner, nous arrêtons la pirogue sur un banc de sable au milieu du fleuve Napo. Sur le chemin, nous croisons des femmes accroupies au bord de l'eau qui cherchent de l'or. Moi qui pensais que ce n'était que dans les films mais non... Le gramme d'or rapporte entre 30 et 40$, et vu la difficulté physique et la patience que cela demande, je comprends que les femmes n'y passent pas toute la journée! Nous commençons à pêcher au filet ou à la ligne, mais il faut la encore s’armer de patience si on veut attraper un poisson!

Après le repas, et d'un moment baignade nous repartons direction les cabanes. Et profitons de l’après midi dans les hamacs. En fin de journée, je passe dire au revoir aux membres de la communauté. Le séjour arrive déjà à sa fin, je commençais déjà à m'habituer à ma vie ici.

Dernier repas avec tout le monde nous faisons un barbecue avec les poissons fraichement pêchés du jour. Jamais un poisson n'aura eu si bon goût!

Dernière nuit, et dernier petit déjeuner (empanadas et jus frais d'ananas), Cezar m'accompagne à l'arrêt de bus. Mon coeur se serre, je n'ai absolument pas envie de quitter cet endroit si paisible et ces personnes si attentionnées.

céramique

pirogue

préparation chicha

fleuve Napo

enfants et Napo

Ahuano

Ananas

Conclusion :

Je n'aurais pu imaginer mieux comme expérience dans la forêt amazonienne!

Déjà le cadre est exceptionnel, bien que ce situant à l’entrée de la forêt amazonienne, je fus émerveillée par la richesse et la diversité de la faune et de la flore. Il est primordial pour la communauté de protéger la forêt car elle leur permet tout simplement de vivre et leur culture en dépend tout autant.

La rencontre avec la communauté Campo Cocha et la découverte de la culture Kichwa fut une expérience très forte. Leurs valeurs, leurs coutumes sont pleines de sens et de respect. Leur rapport à la nature est sain, et fortifiant. Il ne faut pas s'attendre à un confort d'hôtel, le séjour est plus centré sur l'aventure humaine et la compréhension du quotidien de la communauté. Il faut savoir sortir de ses carcans, accepter de modifier notre vision des choses, apprendre un nouveau rythme de vie. Prendre le temps de vivre. Se délecter des choses les plus simples et naturelles. J’aurais pu rester des heures à contempler la lune et les étoiles se refléter sur le fleuve Napo tout en écoutant les sons de la forêt. Je me suis revue enfant et je me retrouvée au beau milieu de l'Amazonie.

Mais surtout ce fut incroyable de constater comment il m’était possible de nouer des liens aussi forts avec chacun d’entre eux, en si peu de temps. Je pense en particulier à Vinicio, mon petit coup de cœur du séjour, et Raul car nous formions un super trio et ils me manquent déjà énormément.

A tous, je les remercie infiniment pour leur accueil, leur gentillesse, et leur patience face à mon apprentissage de l’espagnol!

Alors si vous souhaitez passer quelques jours dans la forêt amazonienne et que vous souhaitez vivre une expérience authentique participant au tourisme solidaire et communautaire, je ne peux que vous conseiller fortement de venir aux cabanes Nanambiiki où vous serez merveilleusement bien accueillis!Et encore mieux, la communauté recherche constamment de nouveaux volontaires pour les aider à faire vivre la culture Kichwa alors si vous êtes intéressés n'hésitez pas à contacter Cezar!

Contacts: Cezar Cerda

Email: nanambiiki@hotmail.com

Site Internet: www.nanambiiki.wixsite.com/nanambiiki

Facebook : @cabanesnanambiiki

Dernier petit détail qui a son importance, je n’aurai cessé de rire et d'avoir le sourire aux lèvres pendant ces quelques jours... Merci.

« Shuk Punchakaman » en Kichwa ou « A un autre jour »… Comme volontaire qui sait?


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